
Eau-forte réalisée par Eugène Decisy d’après une composition de Rochegrosse ; pour Les Fleurs du mal, 1910 – Source BnF
Au chevet des amours saphiques
Dont les soupirs mélancoliques
S’enlacent au front des colchiques
La Nuit douce et d’ocre et de feux
Est seule témoin de leurs jeux
Est seule aux remous dans les yeux
Dans les deux bouillonne un désir
Celui d’inhaler au plaisir
Leurs brouillons appâts — de gésir
Sur quelque oreiller languissant
Pour s’enivrer des mots glissants
Au creux du cou — du sein naissant
D’une limpide couverture,
D’un drap plissé par la voilure
Des cheveux soignés par luxure
Sous l’effet d’un air éphémère,
Des frissons — parfum adultère
La main est leste et familière
Prête à choyer les peaux soumises
Comme des lèvres allusives
À célébrer les gourmandises
Puisse le flambeau des lampions
Venir attiser les démons
En manque de palpitations
Car le jour s’infiltre déjà
Par la persienne en contrebas
Et d’un nimbe orgiaque où voilà
Le dernier vers d’une Sappho
Grisée encore aux diluviaux
Secrets — aveux — tous abyssaux
Jordan PONCET — 28/01/18